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Junior Association LE VERRIER
6 février 2014

Regards sur l'immigration en Sicile - travaux d'élèves

Travaux d'élèves de seconde dans le cadre de Littérature et Société 

Regards sur les nombreux naufrages de bateaux de clandestins au large de Lampedusa, petite île perdue entre l'Afrique et L'Italie, appartenant à la province d'Agrigente (Sicile)

 

Lucie Salmagne


Le 3 Octobre 2013 : naufrage dramatique à proximité de l'île de Lampedusa

L'île italienne de Lampedusa, d'une superficie de 20,2 km2, située à mi-chemin entre l'Europe et la Tunisie a connu, le 3 octobre dernier, un naufrage dramatique d'émigrants clandestins venant d'Afrique. Celui-ci fit de nombreux morts et disparus, touchant hommes, femmes et enfants.

 

Situation de l'île de Lampedusa Tout d'abord, les émigrants clandestins cherchaient une vie meilleure, notamment la liberté, la démocratie, la justice, la richesse qu'ils ne connaissaient pas dans leurs pays d'origine. Pour y accéder, ces émigrants venus d'Erythrée, de Somalie ou d'Ethiopie étaient partis du port libyen de Misrata pour atteindre l'Europe dans un bateau en pitoyable état, surabondé de plus de 500 personnes. Chaque passager avait payé entre 1000 et 2000 dollars à un passeur employé par le crime organisé international. Ce marché très juteux repose sur le malheur de ces émigrés.


Suite à une panne-moteur au large des côtes de Lampedusa – l'île rendue tristement célèbre par l'immigration illégale vers Europe des passagers ont allumé des feux de détresse, alors qu'une fuite d'essence avait lieu. Cela provoqua aussitôt l'embrasement du bateau. Bilan : plus de 300 cadavres ont été retrouvés et seules cent cinquante personnes ont été sauvées grâce aux bateaux de plaisance ou aux hélicoptères. Cependant le bilan ne cesse de s'alourdir. Durant ce quart de siècle, 6000 personnes au moins ont péri à proximité de Lampedusa, soit plus que la population de l'île.


Les victimes de ce drame sont entreposées dans un hangar et l'Italie a ainsi décrété une journée de deuil national. Les survivants, regroupés au centre d'accueil de Lampedusa, ont protesté contre leurs conditions de vie difficiles. En effet, les centres de rétention prévus pour 250 personnes, en accueillent plus de 1000. Suite à cela, l'Union européenne tenait mardi, une réunion d'urgence consacrée au sujet à la demande de l'Italie. Celle-ci devait défendre la mise en place de nouvelles solutions communes pour éviter qu'une nouvelle tragédie ne se reproduise.

 Bérengère Yon

Pour aller plus loin, une page dédiée sur le site de Wikipedia : Naufrage du 3 octobre 2013 à Lampedusa


Cyrielle Foucher

Amelie


Nous étions partis de la Libye et nous nous trouvions maintenant au large de l'île de Lampedusa, j'avais hâte d'arriver. Je n'en pouvais plus d'être serré au milieu de tous les autres passagers ; nous étions entassés et ça ne sentait pas bon. J'avais fini par m'asseoir par terre car je n'en pouvais plus d'être debout et j'étais très fatigué mais je n'arrivais pas à m'endormir. J'avais aussi très faim et je ne pensais qu'à la fin du voyage. La mer remuait beaucoup et le bateau tanguait, mais quelques minutes plus tard je me sentis bercé par les vagues et je fermai les yeux

Soudain, des cris de passagers me sortirent mon sommeil et je sentis une odeur de brûlé. J'ouvrai les yeux et je vis des flammes embraser le bateau ! Tout comme moi, les gens paniquaient et je ne savais pas quoi faire, le feu gagnait toute l'embarcation ! Alors certains se sont jetés à l'eau, d'autres se cramponnaient à ce qu'il restait du bateau. Je faisais comme ces derniers mais je savais que d'une seconde à l'autre, j'allais passer par-dessus bord. Au milieu se trouvait un grand trou et le navire se cassait en deux, je fermais les yeux pour ne plus voir ce trou. Et puis sans trop réfléchir, j'ai sauté dans la mer. J'agitais mes jambes dans l'eau pour rester à la surface et m'éloigner du bateau qui s'enfonçait de plus en plus dans la mer... J'agitais toujours mes bras et mes jambes, quand me tête était dans l'eau c'était le silence je n'entendais rien, et quand elle était hors de l'eau,des cris fusaient de partout, une dame était près de moi et elle disait en pleurant qu'elle ne savait pas nager. Je lui pris alors le bras et lui dit qu'elle pouvait rester accrochée à moi. J'avançais donc dans l'eau plus lentement et avec plus de difficulté mais je n'aurais pas voulu voir une personne de plus se noyer sous mes yeux. Nous essayions de repérer d'autres personnes comme moi, si nous étions regroupés, nous pouvions espérer trouver une autre embarcation. Nous trouvâmes d'autres rescapés dans le même cas que nous et nous arrivâmes à les atteindre, il y avait un homme, un jeune et une femme, je ne savais pas s'ils se connaissaient. Je ne savais pas non plus combien de temps était passé depuis que j'avais sauté du bateau, ni si j'étais loin. J'avais de plus en plus de mal à réfléchir, j'avais froid, mal au ventre et aux oreilles...

Nous n'y croyions plus mais pourtant un bateau s'approcha de nous, il y avait quatre marins dedans. Ils nous aidèrent à monter sur leur embarcation. L'autre homme raconta en quelques mots notre naufrage, d'où nous venions et où nous voulions aller. Par chance, ces marins se dirigeaient aussi vers les côtes de Lampedusa. Ils nous donnèrent deux grandes couvertures à nous partager, nous grelottions tous et nos vêtements collaient à la peau. L'enfant avait posé sa tête sur l'épaule d'une des deux femmes ; nous étions tous les cinq assis par terre alignés. On nous donna un bout de pain et un peu d'eau, cela me fit du bien de manger. .

Une nuit passa et le lendemain, nous fumes repérés par des gardes-côtes italiens. Ils nous amenèrent à Lampedusa au centre d'accueil. Là-bas on nous a donné à manger, il y avait d'autres rescapés. Je mettais enfin les pieds sur cette île.

Marjolaine


 

Une traversée pour ma vie

Mes voisins étaient tous serrés les uns contre les autres, je me trouvais dans un petit recoin sombre et inconfortable de l'embarcation. J'avais froid, ce vieux chalutier était un gruyère, l'eau s'infiltrait à travers les planches pourries qui menaçaient de craquer sous moi à tout moment. Je me retournais difficilement pour essayer en vain de trouver une position convenable. A mes côtés, il y avait plusieurs enfants de tout âge, ils vomissaient à chaque fois que le bateau tanguait. Ils étaient tous pâles, tous recroquevillés les uns contre les autres pour tenter de se tenir chaud. L'arrivée était prévue dans une douzaine d'heures ; nous avions fait la moitié du voyage et cela me semblait déjà relever du miracle.

         Douze heures et vingt minutes plus tôt...

Me voilà enfin devant mon avenir, modeste certes, mais qui me permettrait de rejoindre Lampedusa. Pour arriver dans le monde occidental, riche, sans guerre, sans menace de mort à tous les coins de rue. Finie la vie ici, finis les tirs, finies les nuits à ne pas dormir et à attendre à tout moment l'obus qui nous tomberait dessus. Me voilà, devant mon embarcation, accompagné de quelques centaines de migrants qui avaient fait le même pari fou que moi. Mais ils s'en fichaient du moment qu'ils parvenaient de l'autre côté, à l'envers du décor. J'avais dépensé tout mon argent avec l'aide de quelques amis pour pouvoir embarquer. Ce voyage m'avait coûté cinq fois mon salaire du mois, j'avais économisé pendant deux ans, pour ensuite le donner à un tunisien bien connu qui organisait les trafics.

         J'aperçus le passeur : il faisait entrer les migrants dans l'embarcation et leur attribuait une place (un carré d'à peine dix centimètres). Alors que plusieurs dizaines de personnes s'entassaient sur le pont, un migrant protesta, le commandant du bateau lui asséna un coup au visage ; le pauvre tomba sur les autres passagers et le passeur continua son travail. Ce fut enfin mon tour, j'espérais qu'il allait être clément avec moi plus qu'avec les autres, je ne lui fis pas remarquer de peur de me faire battre. Il me jeta dans un minuscule endroit sombre, trempé...

 

Où sommes-nous maintenant ? Combien de temps nous reste-t-il avant d'atteindre la terre ferme ? La nuit était tombée, nous commencions à être affamés : les passeurs n'incluaient pas la nourriture dans le coût du voyage. Pendant les deux dernières heures, une personne se jeta à l'eau, elle avait perdu la tête et on la vit disparaître progressivement. Ce fut un élément déclencheur de ce qui se passa par la suite. Plusieurs migrants se demandaient pourquoi cette femme s'était jetée du bateau, pourquoi elle l'avait abandonné, elle n'avait donné aucune explication. On vit arriver un grand yacht blanc apparemment tout neuf. Les responsables ne comprirent pas mais ils furent obligés de sortir du bateau, ils exécutaient les ordres de leur patron pour ne pas risquer leur mort. Beaucoup de monde voulurent partir avec eux car ils se doutaient de ce qui arriverait ensuite au bateau. Ces personnes furent exécutées avant les autres : ces êtres humains furent exécutés de sang-froid par les gardes de l'autre bateau. Ils n'avaient pas encore compris que rester dans le vieux chalutier était leur meilleure chance de survie ; ces migrants étaient morts par espoir de vivre...

 

II y eut des cris, de grands cris d'enfants mais aussi d'hommes et de femmes, de grands cris d'agonie. Le rafiot redevint calme un instant. La panique se réinstalla, encore une fois tout le monde se demandait ce qui allait bien pouvoir se passer. Puis il y eut des hurlements, je vis plusieurs personnes se jeter à l'eau. Toute la partie droite de la chaloupe se désintégra totalement, les passagers n'avaient pas sauté de l'embarcation, ils avaient été engloutis par les flots. Les migrants qui étaient parvenus à rester sur le bateau essayaient désormais de récupérer ceux qui étaient tombés mais nous savions tous que le radeau n'allait pas supporter plus de poids. Alors, un de nos voisins pris une planche de bois et commença à ramer pour s'éloigner de ceux qui étaient tombés à l'eau. Il était cruel mais chacun de nous sur le bateau était secrètement d'accord pour dire que c'était la meilleure solution pour sauver le plus possible de vies.

 

Nous sommes parvenus à Lampedusa une heure et demie plus tard. Nous devions maintenant nous remettre de cette traversée sans aide, sans soutien, sans personne à qui parler de peur d'être renvoyé dans notre pays et de devoir revivre une fois de plus ce cauchemar. Ce mauvais rêve, je le vivais pour la quinzième fois. A chacune de mes traversées, des migrants sont morts... J'aurais pu mourir, je ne le suis pas, juste par chance. A chacune de mes traversées, c'est un secret encore plus lourd à porter que d'avoir dû abandonner mes frères. A chacune de mes traversées, c'est un même parcours du combattant pour sortir vivant de cette aventure peu héroïque.

 

Anne-Sophie


 

SicileImmigrationOphélie


 

Mon aventure dans la traversée de la Méditerranée

 Moi, Ayoub Boukhettala, réfugié de Syrie, je vais vous raconter mon histoire :

Mon pays natal, la Syrie, connaît une grande crise politique, c'est pourquoi avec ma famille nous attendons avec impatience l'arrivée d'un bateau qui doit venir nous chercher ici pour rejoindre l'Europe dans l'espoir d'une vie meilleure.

Il fait très froid , notre pays est en guerre. Tout d'un coup le bruit d'une sirène nous interpelle, nous levons la tête et voyons le bateau arriver. Pas de doute, c'est bien le nôtre. J'ai remarqué un détail sur ce bateau, il est petit et pour le nombre que nous sommes cela risque de provoquer une sacrée surcharge. Et puis il est en très mauvais état ...

De toute façon, tant que l'on peut quitter ce maudit pays ! Et pour cette somme énorme de 2500 dollars que mes parents ont dû payer, il le faut !

Il est tant de monter à bord de ce rafiot qui paraît être un bateau de pêche, datant d'au moins 50 ans, je dirais. Voilà : ce que je craignais se produit : nous sommes serrés, tellement serrés que j'en ai du mal à respirer.

Cela fait 2 heures que nous voguons sur la mer Méditerranée et toujours pas de terre en vue. Cette île de Lampedusa ne veut décidément pas montrer le bout de son museau !

Enfin ! Terre en vue ! Nous voilà non loin de ce qui est sûrement la plus grosse étape de notre intégration Européenne. A la vue de l'île, nous trépignons tous d'impatience, marre de cet étouffement ! Mon corps est plein de courbatures, il était temps !

Plus que dix petites minutes et nous poserons le pied à terre. Ah quel soulagement ! Mais que vois-je ? Que fait-il ? Est-il fou ? C'est une tragédie : le pilote vient de plonger dans l'eau et tout le monde regarde par dessus bord. Puis un gros CRAC ! Panique sur le bateau...

Le bateau se mit à descendre, à perdre en hauteur. On se jetait à l'eau inconsciemment de part et d'autre, mon père me prit par le bras et m'ordonna de rester avec lui tandis que ma mère apeurée plongea elle aussi, mon père me lâcha et me dit de rester à bord : il plongea dans cette eau glacée.

Je ne revis plus ni ma mère ni mon père : ils moururent sûrement dans cette tragédie. Un naufrage synonyme de trahison, je m'en suis sorti car une alerte a été donnée sur Lampedusa et des sauveteurs sont venus me chercher. J'ai pu regagner Lampedusa avec les secours.

Denez

 

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